kang hae ran | i make you drip

c'était un samedi soir. un samedi soir ordinaire pour la plupart des personnes, cela rimait souvent avec sorti entre amie ou simple soirée à ne rien faire, profitant de la douce chaleur de l'été et des programmes que nous offraient les chaînes de télévision. Hae ran aurait voulu faire comme les filles de son âge, sortir, profiter de sa jeunesse, ne penser à rien. mais, malheureusement, sa famille ne lui offrait aucun moment de répit, ne la laissant rien faire, la contrôlant comme si elle n'était qu'une simple marionnette, un simple robot. et pour la famille kang, le samedi rimait avec dîner de famille qui était, pour hae ran, la pire chose qu'on pouvait lui infliger. elle se voyait déjà à subir les remarques de sa mère, les discussions politiques de son père, les jérémiades de sa petite-cousine, l'hypocrisie de ses tantes, elle n'en pouvait plus. elle n'arrivait plus à supporter l’oppression qu'elle vivait au quotidien, les remarques tranchantes de sa génitrice, l'ignorance de son géniteur. elle voulait exister. être hae ran et non une poupée que l'on manipule sans arrêt. « hae ran, descend, vite, ils arrivent. » soufflant un bon coup comme pour se donner du courage, elle descendit les escaliers quatre par quatre, le visage sévère de la mère kang l'attendant en bas des marches. son regard glaçant observait la tenue d'hae ran : une robe à fleurs horrible qui lui arrivait juste au-dessus des genoux avec des petites chaussures noires toutes neuves. et sans même lui adresser un mot, elle s'en alla, surement accueillir les invités, toujours avec cette voix mielleuse que la jeune fille de dix-sept ans détestait tant. une voix remplit de mensonges et de fausseté.

des mots par-ci, des mots-par là, des poings qui s'abattent sur la table, des rires aigris, des regards transperçant, les oreilles d'hae ran sifflaient, elle ne savait plus où donner de la tête. ses mains tremblaient, ses mains qu'elles serraient si fortement contre ses genoux noueux, ses iris sombres cherchant un point d'accroche, en vain. « hae ran, cesse donc de faire ton intéressante. cette enfant a de sérieux problèmes, ji Rin. » ploc. la goutte de trop, la remarque qui a tout fait basculé. l'esprit embûmé, son corps hors de contrôle, la gamine se leva dans un grand fracas, surprenant presque la totalité des personnes assises autour de la table. et avec un petit sourire, hae ran s'en alla, prenant ses jambes à son cou. à courir ainsi, tenant ses chaussures dans sa main droite, elle se sentait libre. personne ne pouvait l'arrêter. pour la première fois de sa vie, la lycéenne se sentait vivante, elle avait l'impression d'être quelqu'un, d'exister aux yeux des gens. sentir ses pieds frottait à toute vitesse contre le bitume, le vent qui s'infiltre dans ses vêtements, le regard des passants sur sa personne : c'était donc ça de vivre, de sentir quelques choses battre dans sa cage thoracique, de ressentir les choses. et elle avait crié, se libérant d'un poids qui comprimait sa poitrine, ses poumons, d'un poids qui l'affaissait au fil des jours, d'un poids qui la rendait faible.